Etat des lieux des pratiques des laboratoires pour les techniques d’extraction récentes

En 2008, la Commission Européenne avait mandaté le Comité Européen de Normalisation (CEN) pour le développement ou l’amélioration de méthodes normalisées en soutien aux exigences de surveillance de l’état écologique et chimique de la Directive Cadre sur l’Eau 200/60/CE car les méthodes européennes issues des groupes de normalisation CEN/TC230 « Analyse de l’eau » et ISO/TC147 « Qualité de l’eau » n’étaient pas toutes compatibles en termes de performance (LQ et incertitudes) et d’applicabilité à l’eau totale.
Ainsi, des groupes de travail internationaux ont élaboré des protocoles d’analyses pour les HAP, les pesticides organochlorés, le pentabromodiphényléther (PBDE) et les organoétains, tous basés sur un dispositif d’extraction en phase solide sur disque large (Speed disk). En 2014 des comparaisons interlaboratoires de validation des projets de normes ont eu lieu ; aucun laboratoire français n’y a contribué à l’exception des organismes d’Aquaref (BRGM, Ineris et LNE). Depuis la parution de ces normes en 2015, il semble qu’aucun laboratoire national ne les propose dans le suivi environnemental réglementaire, bien que ces normes aient démontré leur compatibilité aux exigences QA/QC (prise en compte des matières en suspension, atteinte des limites de quantification et incertitudes exigées). Aquaref a souhaité interroger les laboratoires sur ce constat et plus largement sur leur pratique des techniques d’extraction récentes que sont l’extraction sur barreau aimanté (SBSE Stir Bar Sorptive Extration) et l’extraction par QuEChERS (Quick, Easy, Cheap, Efficient, Rugged and Safe) bien connue du domaine alimentaire, pour le domaine environnemental. Ces 3 dispositifs d’extraction, Speed disk, SBSE et QuEChERS, peuvent en effet répondre aux exigences de la DCE en termes de limite de quantification et/ou de prise en compte de la fraction totale de l’eau. Plusieurs travaux Aquaref, essais techniques, fiches méthodes ou étude de faisabilité traitent de ces dispositifs.
Une enquête a été menée auprès des laboratoires en 2017, avec un mailing envoyé à 240 contacts dont un maximum de 70 organismes susceptibles d’intervenir dans le domaine environnemental. Un total de 26 laboratoires a fourni une réponse, dont 18 réponses détaillées au questionnaire.
Il ressort que les dispositifs d’extraction Speed disk, SBSE ou QuEChERS sont peu utilisés dans le domaine environnemental par les laboratoires. Un maximum de 7 laboratoires pratique la SBSE ou la méthode QuEChERS. La méthode QuEChERS est répandue dans les laboratoires oeuvrant également dans le domaine alimentaire/agroalimentaire.
Le faible taux d’utilisation est justifié par différents arguments. Selon leurs activités, les laboratoires connaissent plus ou moins bien ces dispositifs d’extraction. Ils sont satisfaits des performances de leurs méthodes d’analyse et par conséquent peu enclins à la mise en place de nouvelles méthodes notamment en raison du coût important que représentent les tests, le développement et la validation, et certains équipements (SBSE, Speed disk).
Aquaref pourrait appuyer les laboratoires sur différents points :
- des développements de méthodes d’analyse et l’élaboration des projets de normes afin de faciliter la mise au point de méthodes par les laboratoires et mettre à disposition des protocoles harmonisés et répondant aux exigences DCE. Les actions devraient concerner la technique SBSE pour l’analyse des eaux, la technique QuEChERS pour l’analyse des sédiments et du biote. Les paramètres sont ceux des textes réglementaires.
- encourager les laboratoires à tester leur éventuelle méthode QuEChERS lors de la comparaison interlaboratoires prospective sur le biote (gammare) prévue en 2018.
- proposer une comparaison interlaboratoires sur sédiments, pour les paramètres les plus récents non encore couverts par les OCIL.