Stabilité à long terme des contaminants dans les sédiments / matières en suspension (MES) lyophilisés en fonction des conditions de stockage

La directive cadre européenne sur l’eau (DCE 2000/60/CE) exige que les États membres surveillent les substances chimiques pour la définition de l’état chimique et de l’état écologique des différentes masses d’eau (de surface et souterraines, continentales et côtières), ainsi que leur évolution au cours du temps. Cette surveillance de la qualité des masses d’eau est abordée dans la directive fille NQE 2013/39/UE, stipulant de procéder à l’analyse tendancielle à long terme des concentrations de 21 substances ou familles de substances prioritaires hydrophobes (e.g. Cd, Hg, TBT, PFOS, HAP, DEHP, HBCDD…) dans les matrices intégratrices comme le biote et / ou le sédiment. Outre la surveillance réglementaire, le manque de connaissance sur les substances organiques plus hydrophiles que l’on retrouve, de fait, dans les sédiments pose question ; et cette contamination d’intérêt émergent nécessite aussi d’être considérée.

 

Contrairement aux échantillons aqueux, l’analyse des contaminants dans la matrice sédimentaire nécessite un grand nombre d’étapes au préalable (e.g. homogénéisation, tamisage, congélation, lyophilisation, broyage …) visant à la préparation et au conditionnement de l’échantillon. Or, toutes ces étapes sont susceptibles d’affecter les concentrations initiales dans le sédiment en favorisant par exemple la dégradation de certains contaminants comme les contaminants organiques. Dans la précédente étude Aquaref(1) (Action C1b4 ; Guillemain et al., 2022), visant à évaluer l’influence de différentes méthodes de préparation/conservation des sédiments avant analyse (stockage à 4°C, à -18°C ou lyophilisation) sur les concentrations en micropolluants organiques, il a été montré que sur les 96 molécules suivies dans un sédiment préalablement dopé, près de 90 molécules ne présentaient pas de différence en fonction des différentes conditions testées.

 

Depuis quelques années, nous constatons que de nombreux programmes de recherche et de surveillance environnementaux (comme le German Environmental Specimen Bank-GESB- ou  l’Observatoire des Sédiments du Rhône-OSR- …) ont compris l’importance de la bancarisation des échantillons environnementaux sur le long terme, pour effectuer de manière rétrospective des analyses sur ces échantillons au gré des évolutions et des progrès analytiques. Or, à ce jour et à notre connaissance, aucune étude n’a évalué la stabilité des contaminants lors d’un stockage à long terme d’échantillons environnementaux comme les sédiments.

 

Dans ce contexte, cette étude a pour objectif d’évaluer l’influence de différentes conditions de stockage (température ambiante, -18°C et -75°C) de sédiments préalablement lyophilisés, sur la stabilité des contaminants (métaux et micropolluants organiques), et sur une période temporelle d’un an. Les risques de constater une instabilité des métaux sont très faibles mais seront toutefois évalués notamment pour le mercure et le méthyl mercure. Les résultats obtenus sur les métaux pourront servir de traceurs ou composés de référence stables pour le contrôle de l’ensemble du plan d’essai et particulièrement des micropolluants organiques.