Surveillance réglementaire des eaux environnementales et sanitaires : évaluation de la dispersion analytique à partir des données d'essais interlaboratoires

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Public
Année: 
2018
 
Compte tenu des enjeux environnementaux et sanitaires liés aux programmes de surveillance de la qualité des eaux, la fiabilité des données de ces programmes revêt une importance capitale. En particulier, la connaissance des incertitudes sur ces données est indispensable afin de maitriser les risques pris pour l’évaluation de la qualité des masses d’eau, pour la comparaison de résultats obtenus à différentes périodes (tendances, effets de programme d’action), sur différents sites, dans plusieurs
laboratoires, …
 
Ce travail a pour objectif de fournir, pour un grand nombre de paramètres surveillés dans les programmes environnementaux et sanitaires, des ordres de grandeur des incertitudes des données de surveillance à travers les dispersions observées lors d’essais interlaboratoires aux niveaux des seuils de décision réglementaire.
 
Les essais interlaboratoires (EIL) sont des outils de contrôles qualité externes qui permettent à chaque laboratoire de s’évaluer régulièrement à travers la réalisation d’une analyse sur un échantillon inconnu également analysé par d’autres laboratoires. Les résultats obtenus par les laboratoires à ces essais donnent lieu à des « scores » qui sont utilisés comme critères pour la délivrance des agréments par les ministères de l’environnement et de la santé. La dispersion des résultats fournis par les laboratoires pour un paramètre donné lors de ces EIL (CVR ou écart-type de reproductibilité interlaboratoire) donne une évaluation de la « maitrise » de l’analyse de ce paramètre et donc des incertitudes à attendre pour les gestionnaires sur les résultats.
 
Des données de l’organisateur de comparaisons interlaboratoires AGLAE et les traitements statistiques réalisés par ses soins ont été utilisés. Ils ont permis de fournir les dispersions interlaboratoires pour plus de 150 substances faisant partie des surveillances réglementaires de la qualité de l’eau, au niveau ou à un niveau proche des normes de qualité (NQ). Celles-ci étant spécifiques, la plupart du temps, d’un contexte réglementaire, l’exploitation des résultats a été faite en différenciant les eaux douces de surface (ESU), les eaux souterraines (ESO) et les eaux destinées à la consommation humaine (EDCH). Les données utilisées sont celles acquises lors des essais AGLAE entre 2007 et 2018.
 
Prenant en référence les critères définis dans la directive européenne 2009/90/CE sur l’assurance et le contrôle qualité, il a été considéré dans ce travail que les paramètres pour lesquels des besoins d’harmonisation des pratiques sont nécessaires pour aboutir à une meilleure « maitrise » des données sont ceux pour lesquels les CVR sont supérieurs à 25% au niveau de la NQ. Pour les eaux de surface, cela correspond à environ 30% des substances étudiées (soit 17 substances) : chloroalcanes,
tributylétain cation, composés organochlorés (aldrine, isodrine, 4,4’-DDT…), … Compte tenu de normes de qualité souvent plus élevées pour les ESO et les EDCH, ce pourcentage est plus faible pour ces 2 types d’eau (par exemple environ 14% pour les eaux souterraines). Les paramètres correspondants sont notamment bromates, aminotriazole, chlorure de vinyle, fenpropidine, carbendazime et dichlorvos. Tous milieux confondus, les métaux ont des CVR généralement inférieurs à 15% au niveau des normes de qualité, à l’exception du cuivre et du mercure en ESU (CVR 17%).
 
Pour tenir compte des exigences de l’agrément environnement, les laboratoires doivent participer à des EIL à des niveaux de concentration ne dépassant pas environ 5 NQ. Dans le cas des ESO et des EDCH, pour l’ensemble des substances étudiées, des EIL sont proposés par l’association AGLAE au niveau des NQ, ou au maximum à 2 NQ. En revanche, pour les ESU, les NQ étant souvent très basses, il n’existe pas toujours d’EIL disponible à ces niveaux de concentration. Cette situation est liée aux grandes difficultés analytiques à ces niveaux de concentration et en conséquence à l’absence ou au nombre insuffisant de laboratoires en capacités de participer à ces essais interlaboratoires.
 
Ce travail a été réalisé en collaboration entre AQUAREF, l’ANSES et l’association AGLAE.
 
 
 
Auteur(s): 
Moreau P., Ghestem JP., Lalère B., Lepot B. Charpentier R., Querio L., Guarini P., Rosin C.
Nom de l'institut: 
BRGM, LNE, INERIS, AGLAE, ANSES
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