Mise en place de la surveillance biote dans les milieux aquatiques - Enquête sur les capacités analytiques des laboratoires

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Public
Année: 
2017

Une enquête a été diffusée en mars 2017 auprès d’une centaine de laboratoires français accrédités (LAB GTA 26) afin de connaitre leurs pratiques sur les analyses chimiques dans la matrice biote. Cette étude s’est focalisée sur 14 substances (ou familles de substances) prioritaires de la DCE et pour lesquelles une NQE appliquée dans le biote est disponible (i.e. le mercure et 13 substances organiques hydrophobes). L’intérêt s’est porté sur les capacités analytiques des laboratoires sur 4 supports biote : le filet de poisson, le poisson entier, les crustacés et les bivalves.
Après plusieurs phases de relance, les réponses de 11 laboratoires ont été reçues et traitées dans le cadre de cette note.
De manière générale, il y a eu peu d’écart entre le nombre de réponses pour les différents supports biote. Parmi les 11 laboratoires, seulement 2 analysent ou développent une méthode pour la totalité des substances de l’enquête.
La substance la plus maitrisée dans la matrice biote est le mercure avec un maximum de réponses de 9 laboratoires sur 11, dont 7 qui l’analysent sous accréditation. Le fluoranthène et le benzo(a)pyrène font aussi partie des substances les plus analysées avec 9 laboratoires déclarant les analyser ou développer une méthode d’analyse dans au moins un des 4 supports biote demandés. Par contre, les substances les moins documentées, avec seulement 2 réponses, sont les chloroalcanes et l’hexachlorobutadiène.
Une comparaison a été effectuée entre les LQ annoncées par les laboratoires et les valeurs de la NQE. Sur les 14 substances (ou familles de substances) de l’enquête, la LQ de tous les laboratoires (sauf exceptions précisées) est inférieure ou égale à la NQE concernant :

  • le mercure total (sauf pour 2 laboratoires sur 7) ;
  • l’hexachlorobenzène ;
  • l’hexachlorobutadiène ;
  • le fluoranthène ;
  • le B(a)P ;
  • le PFOS ;
  • les dioxines, furanes et PCB-dl ;
  • le dicofol ;
  • le DEHP ;
  • le pentachlorobenzène.

Pour toutes ces substances, la mise en place de leur surveillance dans la matrice biote ne devrait pas poser de problème au regard des capacités analytiques des laboratoires ayant répondu à l’enquête.
Pour 2 familles de substances, les LQ des laboratoires sont supérieures à la NQE :

  • la somme des 6 PBDE : 3 laboratoires sur 4 obtiennent des LQ supérieures à la NQE ;
  • l’heptachlore et l’heptachlore epoxyde : la LQ minimale est 116 fois supérieure à la NQE.

Au regard des capacités analytiques actuelles des laboratoires interrogés, la surveillance de la somme des 6 PBDE, de l’heptachlore et de l’heptachlore epoxyde dans la matrice biote semble difficile.
Concernant les HBCDD et les chloroalcanes, l’enquête n’ayant apporté qu’une seule réponse dans le support biote dans lequel leur NQE est fixée (poisson entier), les informations qui en sont issues sont donc à considérer avec précaution.
Des écarts importants ont été observés entre les valeurs minimales et maximales des prises d’essais et des LQ renseignées. Ces valeurs maximales sont parfois expliquées par une méthode d’analyse en cours de développement. Celles-ci ont été communiquées à titre indicatif et ne reflètent pas la capacité analytique finale de ces laboratoires. Dans d’autres cas, les valeurs de prises d’essais maximales permettent l’obtention d’une LQ très faible. Or ces prises d’essais pourraient être diminuées afin d’optimiser le ratio « Prise d’essai/LQ » dans le but de mettre en place la surveillance dans le biote avec une quantité d’échantillon réaliste.

Par ailleurs, la quantité de poisson pêchée disponible sur une station pour la surveillance est de 800 g à 1 kg (PF) (soit 200-250g de filet de poisson, pour un ratio filet/poids entier de 1/4). L’enquête a ainsi été l’occasion d’estimer la quantité de poisson nécessaire aux laboratoires pour analyser les 14 substances (ou familles de substances) citées par la DCE dans les conditions de LQ les plus faibles possible. Cette estimation permet de savoir si cette quantité requise par les laboratoires est en accord avec les quantités de poisson pêchées pour la surveillance.
A partir des prises d’essais regroupées par filière analytique et d’un traitement harmonisé des réponses fournies étant donné leur hétérogénéité, la somme du percentile 75 des prises d’essais et la somme des prises d’essais maximales ont été respectivement estimées à 299 g et 382 g (poids frais) de filet de poisson. Ces quantités sont donc supérieures à la quantité de poisson pêchée. Quant à la somme des prises d’essai médiane, celle-ci a été évaluée à 174 g de filet de poisson frais. Elle est donc inférieure à la quantité de poisson pêchée dédiée à la surveillance.
Néanmoins, les valeurs des prises d’essais pourraient être optimisées si l’analyse des PBDE et des dioxines, furanes et PCB-dl sont réalisées au sein d’une même filière analytique. Dans ce cas, la somme du percentile 75 des prises d’essai pourrait être réduite à environ 200 g (PF) et serait alors inférieure à la quantité de poisson destinée à la surveillance.
Concernant l’analyse des crustacés, et plus particulièrement des gammares, au regard des réponses des laboratoires participants, la quantité d’échantillon nécessaire pour l’analyse de ces substances prioritaires est très importante (prises d’essai médiane d’environ 140 g PF) vis-à vis du volume de gammares disponibles (environ 300 gammares exposés par cage représentant entre 7 et 8 g PF).
Il serait alors intéressant d’adresser une nouvelle enquête auprès des laboratoires à l’horizon 20192020, suite à la mise en oeuvre des premiers marchés d’analyses afin de voir si les capacités analytiques des laboratoires ont évolué dans les différents supports biote (optimisation du ratio prise d’essai/LQ, amélioration des LQ…).

Auteur(s): 
Ngo S.
Nom de l'institut: 
INERIS
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