Impact de l’étape d’échantillonnage sur la qualité de la mesure des surfactants (LAS) dans les eaux de surface

 

Les opérations d’échantillonnage d’eau, notamment dans le cadre de la Directive Cadre sur l’Eau (DCE), impliquent un contact plus ou moins prolongé entre l’échantillon d’eau et différents matériels intermédiaires (ex : seau). Les risques de contamination lors de l’étape d’échantillonnage peuvent être multiples (ex : matériel non suffisamment nettoyé, non inerte vis-à-vis des substances recherchées, substance apportée par l’opérateur) et impacter la fiabilité des données. Le travail présenté dans ce document complète les études déjà réalisées dans le cadre des programmes d’AQUAREF sur les eaux souterraines, les eaux de surface et les eaux de rejets. L’objectif du présent travail est de déterminer l’impact de l’utilisation de produits d’hygiène et de nettoyage du matériel par les opérateurs, lorsque qu’ils réalisent des échantillonnages en eaux de surface (cours d’eau), sur les surfactants. L’étude a porté sur les surfactants suivants : 2-laureth sulfate (SLES2), 1-laureth sulfate (SLES1), lauryl sulfate (SDS), acide benzène décyl sulfonique (LAS C10), acide benzène undécyl sulfonique (LAS C11), acide benzène dodécyl sulfonique (LAS C12) et acide benzène tridécyl sulfonique (LAS C13). Ces molécules ont été récemment intégrées à l’arrêté « surveillance » du 26 avril 2022 ^[1] en tant que Substances Pertinentes A Surveiller (SPAS).

 

Les surfactants sont des molécules amphiphiles, c'est-à-dire qu'elles présentent deux parties de polarité différente, qui leur permettent de solubiliser deux phases non miscibles. Ils entrent dans la composition de nombreux produits d’hygiène et de nettoyage en tant qu’agents détergents, moussants, solubilisants, etc...

 

Deux campagnes d’essais ont été réalisées dans le cadre de cette étude. Une première a été réalisée au laboratoire, afin d’évaluer : l’impact de l’utilisation de gants nitriles, l’impact du nettoyage des mains et l’impact du nettoyage des matériels sur les concentrations de surfactants. Les produits testés, ont été sélectionnés sur la base d’un retour d’enquête menée auprès des préleveurs réalisant des opérations d’échantillonnage d’eaux en cours d’eau, en plan d’eau et en eau souterraine, sur leurs pratiques en matière de nettoyage. Les essais ont porté pour le nettoyage des mains sur le Palmolive® et le savon de Marseille et pour le nettoyage des matériels sur le Teepol® et le TFD4®. La seconde campagne a été réalisée sur trois sites de mesure afin d’étudier l’impact de la hauteur d’échantillonnage (surface ou mi-colonne d’eau) sur les résultats de surfactants. L’ensemble des essais a été réalisé conformément aux bonnes pratiques d’échantillonnage.

 

Les résultats obtenus montrent que l’impact potentiel des gants nitriles sur les concentrations mesurées est confirmé et rejoint les conclusions de l’étude menée par Wen-long et al ^[2].

 

Concernant le nettoyage des mains, les résultats mettent en évidence une contamination systématique en surfactant quel que soit le produit utilisé. Un simple rinçage des mains suivi d’un essuyage après application du produit n’est pas suffisant. Pour le nettoyage des matériels, le TFD4® semble plus approprié.

 

L’échantillonnage à différentes hauteurs (surface ou mi-colonne d’eau) montre que les concentrations retrouvées ne sont pas significativement différentes pour les quatre substances SLES2, SDS, LAS C10 et LAS C11. Les pratiques actuelles d’échantillonnage (mi-colonne d’eau) peuvent être maintenues pour ces quatre substances.

Quant aux substances SLES1, LAS C12 et LAS C13, étant donné qu’elles n’ont pas été quantifiées sur l’ensemble des 3 sites, il n’est pas possible de conclure pour ces substances.

 

 

 

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^[1] Arrêté du 26 avril 2022 modifiant l’arrêté du 25 janvier 2010 établissant le programme de surveillance de l’état des eaux en application de l’article R. 212-22 du code de l’environnement