Etude des données de surveillance des eaux souterraines (base ADES)

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Public
Année: 
2019

 

En parallèle de travaux menés en 2019-2020 au BRGM sur l’exploitation des données de surveillance des eaux souterraines obtenues en application de l’arrêté surveillance paru en 2015, cette étude menée dans le cadre du programme d’actions Aquaref, a pour objectif d’étudier les données de la base ADES sous l’angle de leur qualité (principalement en termes de conformité règlementaire) et de la qualité des métadonnées associées. Il s’agit notamment de vérifier l’application des exigences réglementaires de l’arrêté surveillance (17/10/2018) et de l’arrêté agrément (27/10/2011). Un jeu important de données a été utilisé, couvrant les années 2010-2018 pour les réseaux de contrôle de surveillance et de contrôle opérationnel des agences et offices de l’eau. Les substances choisies pour l’étude sont les 225 substances de l’arrêté surveillance de 2015.
 
Dans le jeu global de données, il a été observé que certaines substances disposaient de moins de données de surveillance que d’autres : à titre d’exemple on peut citer les dioxines (substances complexes à analyser, sur des filières analytiques spécifiques et coûteuses), le fipronil sulfone (métabolite du fipronil et uniquement inscrit dans la surveillance prévue pour les Départements et Régions d’Outre-Mer) ou encore l’acide acétylsalicylique (substance complexe à analyser sur laquelle des doutes existent quant à la fiabilité des données et notamment sur une confusion possible avec l’acide salicylique ; une réflexion sur les modalités de surveillance de cette substance semble nécessaire).
 
Concernant les codes remarques, utilisés dans les échanges de données pour tracer le caractère quantifié ou pas d’un résultat, il a été noté l’utilisation de codes variés rendant une exploitation globale des résultats complexe et fastidieuse. Les principaux codes utilisés sont le code 1 (quantifié) et le code 10 (non quantifié). Il s’avère qu’environ 10% des données sont bancarisées avec un code 2 (non détecté) avec des pourcentages allant de 5 à 58% en fonction des bassins.
 
Sauf besoin spécifique des gestionnaires, compte tenu de l’absence de toute référence à la limite de détection dans les textes réglementaires et compte tenu des exigences de limites de quantification déjà basses pour beaucoup de substances, il semble préférable de généraliser l’utilisation du code 10 afin de ne pas biaiser les estimations de fréquence de quantification. Par ailleurs, en cas d’utilisation du code 2 ou lorsque la substance est quantifiée, la seule possibilité de disposer de l’information concernant la limite de quantification du laboratoire est le champ dédié à cette information. Or celui-ci n’est pas renseigné dans 30% des cas.
 
Des exigences ont été fixées aux états membres et aux laboratoires par la directive européenne sur l’assurance et le contrôle qualité concernant les incertitudes et l’accréditation. L’information sur l’incertitude sur les résultats est globalement peu disponible (en 2018, environ 35% des données sont associées à une incertitude) mais les incertitudes bancarisées semblent plus homogènes que par le passé. En ce qui concerne l’accréditation, pour les années les plus récentes 2017-2018, seulement 60% des résultats y font référence et l’information sur le caractère accrédité ou pas du résultat est disponible pour 70% des données. Aucune référence à l’agrément n’est disponible.
 
La méthode d’analyse est une métadonnée importante dès lors que des données doivent être expertisées, par exemple pour expliquer d’éventuelles ruptures dans les chroniques de données. Certains codes SANDRE « génériques » sont utilisés par les laboratoires mais ne renseignent nullement sur la méthode. La situation s’est améliorée ces dernières années mais il reste encore environ 30% de résultats faisant référence à ces codes en 2018 (contre 60% en 2010). L’utilisation de ces codes devrait être très fortement limitée et un gain en précision sur la méthode utilisée devrait être obtenu par la mise en place des propositions d’Aquaref pour des codes méthodes plus informatifs.
 
L’arrêté surveillance de 2015 a précisé les exigences analytiques pour la surveillance des métaux, à savoir une analyse de la fraction dissoute. Les modifications de pratiques sont bien visibles dans la base ADES à travers l’évolution des codes fractions. Sur les années 2017-2018, 90% des résultats de métaux sont acquis sur la fraction dissoute. Il serait néanmoins utile de comprendre si les 10% analysés sur l’eau brute sont liés à des objectifs spécifiques ou à des erreurs de bancarisation.
 
Des exigences sont également fixées aux laboratoires en terme de limite de quantification par l’arrêté et l’avis agrément. Pour 166 substances parmi les 195 disposant d’une limite de quantification exigée en 2015, plus de 75% des résultats sont rendus avec une limite de quantification conforme (période 2016-2018). Toutes substances confondues, 95% des données ont une limite de quantification conforme sur l’année 2018. Parmi les substances identifiées « à problème » on peut citer trichloroéthane-1,1,1, ciprofloxacine, ofloxacine, daminozide, 2-hydroxy-ibuprofène, 4-nonylphénols ramifiés, di(2-thylhexyl)phtalate.
 
Concernant les pesticides, en 2018, l’exigence européenne d’une limite de quantification inférieure ou égale à 0,03 ?g/l n’est pas respectée pour le triclosan, le dichloropropène-1,3 et l’hydrazide maléique. A un degré moindre, des difficultés en termes de limite de quantification existent aussi pour fosétyl, daminozide et N,N-dimethyl-N'-p-tolylsulphamide.
D’autres difficultés d’exploitation des données de la base sont apparues à travers ce travail : par exemple la difficulté à gérer de multiples unités. Sur ce point Aquaref renouvelle sa proposition de supprimer de nombreuses unités telles que ?g/l As, ?g/l Pb… pour ne conserver que l’unité ?g/l.
 
Enfin, quelques cas de substances spécifiques (phtalates, bisphénol, caféine…) sujettes à des biais analytiques ou d’échantillonnage ont été étudiés afin de voir si les données disponibles permettaient d’identifier ces biais. L’exploitation des fréquences de quantification (calculées par rapport à une limite de quantification unique) en fonction des années et des bassins, montre certaines évolutions suspectes sans qu’il soit malheureusement possible de conclure formellement. Ces exploitations permettent cependant de mettre en lumière ces données suspectes et le cas échéant d’étudier plus en détail les interprétations possibles. Il est aussi fourni aux gestionnaires des statistiques sur les données de surveillance (ex : percentile 95, médiane) pour chaque substance afin qu’ils puissent disposer de critères  permettant par exemple de déclencher des vérifications auprès des laboratoires, évitant ainsi la bancarisation de résultats aberrants.
 
 
Auteur(s): 
Ghestem JP., Auterives C.
Nom de l'institut: 
BRGM
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Etude des données de surveillance des eaux souterraines (base ADES)2.03 Mo