Étude de données de surveillance d'eau souterraine - Recherche "d'effets laboratoires" à travers l'exploitation de la base ADES

Accès: 
Public
Année: 
2016
 
De nombreux outils et actions sont mis en place au niveau national afin de contrôler la qualité des données et la fiabilité des mesures réalisées pour permettre des prises de décision adaptées. Ils sont soit à l’initiative des pouvoirs publics (agrément, accréditation) soit gérés au sein des laboratoires (essais interlaboratoires, contrôles qualité internes, …).
 
Tous ces outils ou actions sont indispensables mais ils ont une limite importante : leur efficacité ne peut que très rarement être testée en condition « réelle » dans le cadre par exemple des programmes de surveillance découlant de la mise en oeuvre de la Directive Cadre sur l’Eau (DCE). Autrement dit, la fiabilité des données de mesure de ces programmes peut difficilement être appréciée. En revanche, la capacité globale du laboratoire est évaluée, notamment via des essais interlaboratoires imposés par l’agrément du ministère de l’environnement et par l’accréditation.
 
Depuis 2013, à travers plusieurs études, le BRGM a proposé, dans le cadre des programmes d’actions AQUAREF, de tester des approches visant à exploiter les données bancarisées dans la base ADES. Les objectifs sont de vérifier la qualité des données de surveillance, d’identifier, et d’évaluer les éventuelles anomalies.
 
Ce rapport rédigé dans le cadre du programme de travail AQUAREF 2016 et de la convention de partenariat ONEMA BRGM 2016-2018 a pour objectif de poursuivre ces études concernant la qualité des données bancarisées par la recherche et l’évaluation, à travers des données de la base ADES, d’écarts liés à un changement de laboratoire. Deux méthodes ont été évaluées dans ce rapport. La première a permis d’étudier les écarts de résultats entre laboratoires ou au sein d’un même laboratoire à partir de l’exploitation de chroniques temporelles de plusieurs stations au sein d’un même bassin pour une substance : l’atrazine. Cette étude révèle qu’au sein du même laboratoire
les évolutions de pratiques, de méthodes, d’appareils sont susceptibles d’impacter au moins autant les résultats que les changements de laboratoires. Même si ponctuellement il n’est pas exclu que cette première méthodologie puisse révéler des effets « laboratoires », ces résultats ont conduit à choisir une seconde méthodologie.
 
Pour la deuxième méthodologie, ce ne sont plus des chroniques temporelles qui sont exploitées mais des jeux de données pour lesquels des analyses ont été réalisées par 2 laboratoires différents sur des échantillons prélevés au même moment ou à 2 dates proches (délai de 3 jours maximum). La quasi-totalité des cas étudiés sont liés à des données issues de la campagne exceptionnelle de recherche de substances émergentes en eau souterraine de 2011 au cours de laquelle des échantillons ont été envoyés en même temps à 2 laboratoires. Ces jeux de données sont très rares mais quand ils existent, ils fournissent des cas « idéaux » pour lesquels essentiellement le paramètre « laboratoire » peut expliquer les écarts observés. Pour chaque paramètre, l’exploitation des données est réalisée en évaluant, suivant la méthodologie développée dans ce rapport, la significativité des écarts moyens entre les résultats de deux laboratoires et le taux de résultats « non conformes ».
 
Une liste de 25 micropolluants organiques a été définie à partir de la liste des principaux pesticides retrouvés au niveau national à laquelle quelques pesticides, métabolites ou substances émergentes plus récemment surveillés ont été ajoutés.
 
Des différences sont observées dans les taux de résultats « non conformes » en fonction des laboratoires et du composé. Par exemple pour l’atrazine, la bentazone, le diuron et la DEDIA (atrazine déisopropyl déséthyl), de 2 à 7 fois plus de résultats « non conformes » sont observés en fonction des laboratoires comparés.
 
L’exploitation des données a montré également des «effets laboratoires » importants pour le boscalide, le 2,6-dichlorobenzamide, la DEHP, l’isoproturon et la DEDIA.
Pour chaque substance, les jeux de données concernant au moins 2 laboratoires ont été étudiés. Au vu de cette exploitation, pour ces 25 substances :
  • 10 substances montrent des écarts moyens entre laboratoires supérieurs à 30% et/ou un nombre de résultats « non conformes » supérieurs à 10%. Certains de ces composés sont considérées comme « classiques » et sont régulièrement surveillées depuis longtemps (atrazine, bentazone, chlortoluron, diuron, isoproturon et métolachlore) et d’autres plus récemment (2,6-dichlorobenzamide, boscalide, DEDIA et DEHP).
  • 5 substances ne présentant pas d’écarts significatifs et un nombre faible de résultats « non conformes » (2-hydroxy atrazine, DEA, DIA, oxadixyl et simazine).
  • 3 substances avec un nombre de données disponibles très faible mais présentant des écarts importants (AMPA, glyphosate et metsulfuron méthyle).
  • 7 substances ne présentent pas suffisamment de données pour conclure.
Les résultats obtenus dans cette étude permettent d’alerter les gestionnaires, AQUAREF sur des substances pour lesquelles des problèmes de fiabilité peuvent exister. Ils pourraient dans certains cas contribuer à expliquer certaines anomalies de chroniques temporelles de données liés à des changements de prestataires. Ils peuvent également conduire à renforcer l’attention et les exigences sur les pratiques des prestataires.
 
Auteur(s): 
Bristeau S., Ghestem JP.
Nom de l'institut: 
BRGM
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