Délais de conservation avant analyse des échantillons d’eau - Restitution de l’enquête Aquaref-Anses

Accès: 
Public
Année: 
2021
 
La fiabilité des résultats d’analyse d’échantillons d’eau est fortement conditionnée par la stabilité des substances tout au long de la chaîne de mesure. En ce sens, le délai entre le prélèvement et la mise en analyse par les laboratoires est un point particulièrement critique. Les exigences normatives concernant ce délai et celles transcrites dans les appels d’offres par les gestionnaires sont fortes, et pas nécessairement fondées sur des données robustes. Pour certaines substances, les textes normatifs conseillent de réaliser l’analyse dans les 24 ou 48 heures, et c’est en règle générale ce délai qui est appliqué. En pratique, des difficultés d’application de ces exigences sont régulièrement soulevées. Si ces contraintes sont relativement bien maîtrisées en métropole, le cas des échantillons prélevés dans les DROM est plus complexe en raison de l’éloignement et donc des durées de transport vers la métropole plus importantes. En effet, de nombreux échantillons prélevés dans les DROM parviennent dans les laboratoires d’analyse métropolitains entre 48 et 72 heures après le prélèvement. Une tolérance sur le délai maximal acceptable avant analyse (appelé DMAA1) est donc accordée dans certains cas pour ces échantillons prélevés dans les DROM, mais sans fondement technique. Par ailleurs, pour certaines substances surveillées, aucun DMAA n’est mentionné dans les normes, et les données relatives à la stabilité sont peu nombreuses voire contradictoires. Cette situation rend difficile l’établissement de prescriptions techniques règlementaires et contractuelles, et met donc en évidence un besoin d’acquérir des données sur la stabilité de certaines substances et un besoin d’harmonisation des exigences entre DROM et métropole.  
 
Afin de préciser les recommandations opérationnelles sur ce sujet, Aquaref réalise depuis 2014 des études techniques et documentaires. En particulier, un premier bilan des données bibliographiques disponibles sur la stabilité dans des échantillons d’eau d’environ 450 substances a été réalisé [1]. En parallèle, Aquaref a publié un guide [2] établissant des recommandations pour la réalisation d’études de stabilité, afin d’assurer la comparabilité des résultats obtenus dans différents laboratoires. Sur cette base, des documents normatifs sont en cours de publication au niveau national et international : AFNOR FD T 90-240 et ISO 5667-25. De plus, pour apporter des informations sur la stabilité de certaines substances, et pour mettre en application le protocole et le mode de traitement des résultats détaillés dans ces documents, Aquaref a mené, depuis 2015, des essais en laboratoires sur différentes familles de composés organiques (pesticides, HAP, substances nouvellement réglementées …) pour caractériser leur stabilité dans des eaux de surface ou souterraines [3-8].
 
En parallèle, des initiatives sont également prises par les Organisateurs de Comparaisons Interlaboratoires (OCIL) pour progresser sur ces questions de stabilité, notamment via l’organisation d’essais spécifiques. 
 
Les travaux Aquaref mentionnés ci-dessus ont permis d’apporter des recommandations opérationnelles, mais pour de nombreuses substances, les données restent incomplètes ou incohérentes, et des données complémentaires sont nécessaires. 
 
Afin d’éviter la multiplication d’études de stabilité dans chaque laboratoire, Aquaref, en partenariat avec l’Anses, a proposé entre 2018 et 2020 une enquête auprès de laboratoires d’analyse environnementale nationaux visant à recueillir leurs données de stabilité. Cela permet de tester les possibilités d’un travail collectif sur cette question, c’est-à-dire la mise en commun et le partage de données entre différents laboratoires. L’objectif est de progresser plus rapidement sur la connaissance des DMAA et de disposer de données consolidées pour alimenter les documents prescriptifs tels que les guides techniques Aquaref, les documents réglementaires nationaux, mais également pour être force de proposition à la normalisation, notamment pour la révision de la norme NF EN ISO 5667-3. 
 
Cette note, à destination des acteurs de la surveillance des milieux aquatiques (donneurs, d’ordre, gestionnaires et laboratoires), présente la méthodologie appliquée, ainsi que les résultats obtenus dans cette enquête, pour 89 substances organiques. 
 
 
 
 

1 Il correspond au délai entre l’échantillonnage et le démarrage des étapes critiques en laboratoire destinées à éviter l’évolution de l’échantillon. 

 

Auteur(s): 
Moreau P., Ghestem JP., Lardy-Fontan S., Rosin C.
Nom de l'institut: 
BRGM, LNE, ANSES
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