Analyse de PFAS : comparaison de méthodes ciblées et indiciaires

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Public
Année: 
2025
Les composés per et polyfluoralkylés (PFAS) représentent une famille de plusieurs milliers de molécules pour lesquelles une préoccupation grandissante, à la fois d’enjeu environnemental et sanitaire, a émergé ces dernières années. Ces molécules sont désormais retrouvées dans tous les compartiments environnementaux, et sont soupçonnées d’être cancérigènes ou perturbatrices endocriniennes par exemple.
En réponse à ces préoccupations, de nombreuses réglementations et plans de surveillance à l’échelle européenne et française ont été publiés ou sont en projet. 
De plus en plus, l’utilisation de méthodes dites indiciaires sont préconisées pour l’analyse de ces composés. En effet, les méthodes classiques sont des méthodes ciblées qui permettent de quantifier de manière précise une liste définie de composés, mais au vu de la diversité des PFAS, elles ne permettent pas de caractériser de manière exhaustive la contamination en PFAS. Au contraire, les méthodes indiciaires permettraient d’avoir une vision plus globale, mais elles sont pour le moment moins harmonisées entre les laboratoires et fournissent des résultats plus dispersés. Par ailleurs, les informations obtenues par ces analyses ne sont parfois pas totalement spécifiques à cette famille de substances.
Ce rapport a donc pour but de comparer les informations obtenues par l’application d’une méthode ciblée classique et par deux méthodes indiciaires : AOF (mesure du fluor organique après adsorption et combustion de l’échantillon) et TOP assay (oxydation de l’échantillon qui permettrait de dégrader les plus gros PFAS, en PFAS connus et ainsi analysés de manière ciblée pour estimer la quantité totale de PFAS initialement présents) souvent discutées dans le cadre de la mise en place de nouveaux arrêtés de surveillance. L’analyse de 5 échantillons de rejet de station d’épuration et de 5 échantillons de rejet de sites classés pour la protection de l’environnement par au moins 3 laboratoires différents par méthode permet d’avoir un aperçu de la reproductibilité de la méthode et du stade d’harmonisation des pratiques.
Les résultats montrent :
  • Pour les méthodes ciblées : une cohérence entre les résultats des laboratoires (i.e., peu de dispersion sur les concentrations reportées), avec cependant des listes plus ou moins larges de PFAS analysés et des différences très significatives sur les limites de quantification selon les laboratoires ;
  • Pour la méthode indiciaire AOF : une dispersion acceptable des résultats entre laboratoires, et notamment pour les teneurs les plus élevées (pour lesquelles les éventuels interférents ont un impact plus limité) ;
  • Pour la méthode indiciaire TOP assay : une cohérence dans les tendances majeures par famille de PFAS mais une grande dispersion des teneurs en partie expliquée par le nombre et le type de substances analysées après la phase d’oxydation.
La comparaison des résultats entre les 3 méthodes montre que seule une fraction limitée de la teneur en AOF peut être expliquée par l’analyse ciblée des PFAS ou par la méthode indiciaire TOP. La méthode indiciaire TOP, plus spécifique des PFAS, donne des résultats intermédiaires entre la méthode ciblée et la méthode indiciaire AOF. Lorsque les PFAS présents dans l’échantillon font partie de la liste des PFAS analysés, les résultats des analysées ciblées et de la méthode indiciaire TOP convergent.
Ces résultats montrent le besoin d’harmoniser les pratiques pour les différentes méthodes, de fournir des informations plus détaillées sur celles-ci, de mieux comprendre le niveau de comparabilité entre les méthodes et d’harmoniser les demandes d’analyse associées à ces méthodes pour faciliter l’utilisation des résultats.
 
Auteur(s): 
Huynh N., Togola A.;, Aminot, Y., Ghestem JP., Biaudet H.
Nom de l'institut: 
Ineris, BRGM, Ifremer
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